Avril 2024

Artiste insoumis, libre et engagé, Théodore Rousseau (1812-1867) a renouvelé profondément la peinture de paysages au milieu du 19ème siècle.

Figure emblématique de l'Ecole de Barbizon, il posa son chevalet en pleine nature et devint l’un des premiers défenseurs de la forêt. Son œuvre audacieuse a ouvert la voie aux impressionnistes.

A l'école de Barbizon, il fut accompagné des peintres Narcisse Díaz de la Peña, Karl Bodmer, Jean-François Millet ou du photographe Eugène Cuvelier. Il s’installa définitivement dans le hameau de Barbizon en 1847, achetant une petite maison dans la rue principale, près de l’atelier de Jean-François Millet.

Ce n’est qu’à la fin de sa vie, en 1848 alors qu’un gouvernement républicain arriva au pouvoir, qu’intervint la reconnaissance publique et que ses conditions matérielles s’améliorèrent. En 1855, il exposa treize toiles à l’Exposition universelle, les collectionneurs voulaient tous acquérir ses œuvres et Théodore Rousseau dut répondre à des commandes de plus en plus importantes.

Théodore Rousseau continua de peindre la forêt de Fontainebleau jusqu’à sa mort en 1867.

Démarrez ici la découverte de quelques-unes de ses oeuvres exposées actuellement au Petit Palais à Paris.


"Vers 1830, on vit tout à coup des bandes d'aventuriers qui s'emparèrent de la nature et de la poésie, et renversèrent l'ancienne royauté. Decamps, Cabat, Roqueplan, Paul Huet, Marilhat, Jules Dupré, Rousseau, furent les chefs de cette révolution."

Théophile Thoré, « Salon de 1847


Le Lac de Malbuisson, vers 1831, Huile sur papier montée sur carton



Clairière près du village de Pierrefonds dans la forêt de Compiègne, 1833, Huile sur bois



Le Mont-Blanc, vu de la Faucille. Effet de tempête

Commencé en 1834, Huile sur toile



FONTAINEBLEAU, UNE FORÊT REFUGE

Théodore Rousseau arpente la forêt en solitaire du matin jusqu'au soir. Sa grande ambition est de peindre "la manifestation de la vie", de faire "qu'un arbre puisse réellement végéter". Cela le conduit à étudier sans relâche les formes, les matières, les couleurs et, surtout, la lumière et l'air qui donnent forme au chaos. Ses tableaux sont composés de telle manière qu'ils donnent l'impression de ne pas l'être.


Intérieur de la forêt. Autre titre : le vieux dormoir du Bas-Bréau, forêt de Fontainebleau, entre 1836 et 1837, huile sur toile



L'Allée des châtaigniers, 1837-1841, refusé au Salon de 1841, Huile sur toile

Théodore Rousseau commença son tableau sur le motif, dans le parc du château de Souliers en Vendée, puis il le retoucha dans son atelier pendant plusieurs années. Sur une composition ébauchée au fusain et à l'encre, il peignit avec des glacis sombres, à la recherche de tons vibrants.

Les branches et le feuillage forment une voûte portée par les troncs des arbres, tels des piliers de cathédrale. Plus bas, dans les zones claires, le peintre imite les surfaces rugueuses des châtaigniers en appliquant grossièrement sa peinture.



LA VOIX DES ARBRES

Les portraits d'arbres constituent en quelque sorte la signature de Théodore Rousseau. L'artiste observe minutieusement leur structure organique et l'entrecroisement de leurs branches, il scrute leur musculature, leurs nœuds.

Le Chêne de la Reine Blanche, 1840-1845, Fusain et rehauts de craie blanche sur toile

2 Gros plans : Le Chêne de la Reine Blanche



Arbre dans la forêt de Fontainebleau, 1840-1849, Huile sur papier marouflé sur toile



Le Pavé de Chailly, 1840-1850, Huile sur bois



Paysage avec ciel orageux, 1842, huile sur carton



Sortie de forêt à Fontainebleau, soleil couchant, 1848-1850, Huile sur toile 

3 Gros plans : Sortie de forêt à Fontainebleau, soleil couchant


ROUSSEAU ECOLOGISTE

Dès les années 1840, artistes, critiques et écrivains se préoccupent du sort de la forêt. En 1852, Rousseau se fait le porte-voix de la forêt. Il écrit au ministre de l'Intérieur, le comte de Morny, au nom de tous les artistes qui peignent la forêt. Les lieux qui leur servent de modèle et d'inspiration doivent être préservés et mis à l'abri des coupes intempestives. Cet appel passionné trouve un écho. 

En 1853 naît la toute première réserve naturelle au monde, sous le nom de "série artistique", une réserve officialisée et étendue en 1861. Au nom de l'art, Théodore Rousseau participe à l'émergence occidentale d'une conscience écologique.


L’arbre penché au carrefour de l’Epine, 1852, Huile sur toile

2 Gros plan : L’arbre penché au carrefour de l’Epine

Les figures humaines sont réduites au minimum, et ce sont les arbres qui font office d'acteurs principaux. Théodore Rousseau les appréhende non en tant qu'espèces, mais comme des individus, dont il faut dévoiler "tout le système de vie".



Les pommiers de la belle Marie, 1858-1862, pierre noire sur papier



Paysage de la forêt de Fontainebleau, Vers 1860, Huile et encre brune sur panneau



Bruyères du bois de Macherin, 1860-1862, huile sur panneau



Bouleau mort. Carrefour de l'Epine forêt de Fontainebleau, 1866, Pastel sur papier


"Si je parviens, par l'assimilation de l'air et de la lumière, à donner la vie générique à ce monde de la végétation, alors vous y entendrez les arbres gémir."

 Théodore Rousseau, cité par Alfred Sensier, 1872



"J'entendais aussi les voix des arbres,.... les surprises de leurs mouvements, leurs variétés de formes et jusqu'à leur singularité d'attraction vers la lumière m'avaient tout d'un coup révélé le langage des forêts."

Théodore Rousseau cité par Alfred Sensier, 1872



Millet et Rousseau, 1884, Plâtre sur traverse en bois

Ce double portrait sculpté de Théodore Rousseau et Jean-François Millet est le modèle en plâtre du monument érigé à la mémoire des deux peintres en forêt de Fontainebleau, grâce à une souscription publique organisée par les artistes de Barbizon. Le bas-relief est fondu en bronze et scellé dans un rocher situé en lisière de forêt, non loin de la route principale sortant de Barbizon. Inauguré le 19 avril 1884, le monument y est toujours visible aujourd'hui.

Le lien ci-après fait l'objet d'une brève présentation de l'histoire de la vie de Jean-François Millet et de Charles Jacque.

https://www.octavie11.fr/regard-sur/jean-francois-millet

https://www.octavie11.fr/regard-sur/charles-jacque

ou

https://www.octavie11.fr/regard-sur


Voilà ! cette courte découverte des peintures de Théodore Rousseau se termine ici. Je ne peux que recommander les promenades au musée ; on y découvre toujours des oeuvres plus ou moins méconnues et les admirer dans le détail est un agréable délassement instructif.


Merci d'avoir lu cet article. J'espère que vous avez apprécié ce partage. Je vous dis à bientôt.

Christiane Muller

Vous aimez vraiment ? Suivez-moi en cliquant ICI 

et ajoutez cette adresse  octavie11@orange.fr à vos contacts favoris.

Vous avez aimé me lire ? Faites-le savoir à vos proches via vos réseaux sociaux ci-après, et n'hésitez pas à me faire vos commentaires au bas de cette page.

Cliquez, ci-dessous, sur le ou les réseaux vers le(s)quel(s) vous souhaitez partager.⬇️

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.